 
Grain de folie
Le duende a tourné. Son souffle contaminé s’engouffre dans les villes et rend folles les foules. Il pulvérise les terrasses et les tours. En périphérie, les routes desquament, des lanières de goudron montent en rubans vers le ciel. Les particules s’aimantent sur toutes les peaux. Pour sortir on se masque, on se couvre de la tête aux pieds. Dans les zoos on drape les grands animaux.
 Le souffle diabolique semble épargner la nature. Les fruits grelottent sans tomber. Dans une crique des billes de myosotis virevoltent et croisent quelques épines de pin. Le sable et l’eau restent en place et quand on regarde la plage on la trouve tout à fait reposée.
 Tu ne réponds plus au téléphone. J’ai peur de ta dissolution. Je renifle en bas de chez toi, il me semble que je te sens, ton brouillard entre en moi. Toi évaporé plus rien ne me retient. Je me laisse effriter et te rejoins dans un éther transitionnel. Nous errons, rencontrons des milliers d’autres éparpillés, parfois nous nous rassemblons pour créer des tornades ou de petites vapeurs, selon l’humeur.
Duende : terme espagnol qui désigne « le vent de l’inspiration » pour les danseurs de flamenco et les artistes en général.
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