Revue À l’Index n°32
- Date de parution : janvier 2017
- Prix : 17€ (port compris)
- Abonnement : 2 numéros 26€
- Format : 21 x 15cm
- Nombre de pages : environ 190
À L’index est avant toutes choses une revue dont le premier numéro est paru en 1999. Dans un premier temps, “prolongement papier” des Rencontres du “Livre à Dire (1997÷2012), elle poursuit, aujourd’hui encore son chemin, se voulant avant tout un espace d’écrits. Au fil des numéros, elle a vu son format, sa couverture, se modifier. Pour se présenter aujourd’hui et depuis sa 20iéme livraison sous un format plus réduit (A5) et une couverture “fixe” avec comme identité visuelle la vignette créée pour la revue par l’ami Yves Barbier.
Tes yeux sans plumes
La rue est vieille, les gens sont vieux, un vieux dimanche, tu es si vieille. Tu penches pour un rien, tu te démontes pour un rien, je compte les bleus sur tes jambes sans démarcation. Tes mains crispées, je les aime, tes yeux sans plumes, tes cheveux d’ange, je les aime, tes mots d’autrefois, je les aime. Tu déambules jusqu’à midi, jusqu’à la sieste puis vers la nuit qui tombe en fin d’après midi. Ton vieux cœur plein bat bien, ta tête veut suivre et comprendre.
Tu me parles des morts qui mourront avec toi, soudain la vie flotte.
On fait la sieste. Tu restes dans le fauteuil, je m’allonge sur ton lit. Au réveil je te masse, je te touche pour te solidifier. Tu me décris les arbres que tu ne vois pas. La chambre se remplit de lumière verte, le vent nous ébouriffe. Je te fais la lecture, il faut que j’articule, je m’accorde à ton rythme, je me plais dans ta lenteur, j’ai cent ans avec toi.
Protection maximale
Il faut fermer les trappes, les traboules, vérifier tous les coins. Il faut du plat, lisible et sans issue. Il faut mettre des pommes et du sucre de côté et refuser les fleurs après 22H. A la première odeur suspecte, couvre ta tête et rehausse tes pieds. Il faut réduire toutes les vitesses, faire chauffer l’eau à petit bouillon, se concentrer sur ce qui clignote et sur les pointillés.
Il faut manger le plus possible de choses vertes et boire, boire, boire sans cesse, boire pour transpirer toute l’imbécilité.
Vengeance de bonne femme
Je vais peindre en noir les feux de ta bagnole, badigeonner de colle les touches de ton téléphone, remplacer ton après shampoing par du désherbant, découper la dernière page de ce polar si haletant que tu lis en ce moment, te servir un whisky sur des glaçons parfum lavande, mon amour, tu râles ?
Passons aux choses sérieuses.
Je vais te percer les narines au dénoyauteur et te faire bouffer les confettis, t’installer sous perfusion de xylophène pour te transformer en momie, je vais t’ouvrir le crâne et me servir dedans, déloger tes mensonges et une fois ton cerveau semblable à celui d’une poule je te ferai gober des grains de maïs cru, je te jetterai au four et si tu te débats je t’achève tout de suite en te crevant les yeux avec une frite trop frite.
Jean-Claude TARDIF
11, rue de Stade
76133 Epouville
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