Bacchanales n°57

Revue Bacchanales, Poésie et Sport, Corps en mouvement

Parution de textes dans la revue Bacchanales, Poésie et Sport, automne 2017

La Revue Bacchanales est unou­til essen­tiel de dif­fu­sion de la poé­sie contem­po­raine sous toutes ses formes. Offrant de l’aide aux poètes émer­gents et recher­chant tou­jours des lec­teurs de poé­sie, la revue compte à ce jour, recon­nus ou mécon­nus, plus de 1500 poètes publiés. Cette revue est dif­fu­sée dans de nom­breux salons ou mani­fes­ta­tions, biblio­thèques, librai­ries et abon­nés. La mai­son de la poé­sie Rhône-Alpes édite Bacchanales depuis 1992 avec envi­ron deux numé­ros par an. La sin­gu­la­ri­té de la revue est de répandre l’é­cho actuel de la poé­sie dans la région, mais aus­si plus lar­ge­ment en France et à l’étranger.Les 21 pre­miers numé­ros et le numé­ro 23 sont édi­tés en feuillets, le numé­ro 22 et tous les numé­ros à par­tir du 24 sont bro­chés. Le for­mat de la revue est en 15 x 29,5 et chaque numé­ro est illus­tré par un plas­ti­cien différent.

La col­lec­tion 17 cor­res­pond aux Bacchanales qui ont été réédi­tés : le for­mat est plus petit (12 x 23,6 cm) mais reste homo­thé­tique par rap­port au for­mat clas­sique de la revue (les pro­por­tions sont donc les mêmes). Le conte­nu reste le même.

Triathlon

JE COURS pour dége­ler les nerfs et cal­mer la colère.
Encore com­bien de tours jusqu’à l’épuisement, jusqu’à
ce que la gangue autour du cœur s’arrache et libère
l’amour géant ?
Tiens bon et tu seras soutenue.
JE NAGE, je frôle le fond de la pis­cine, la tête au
fond de l’océan, j’ai des vagues dans les cuisses et de
l’air sous la peau. Combien de lon­gueurs jusqu’au
retournement ?
Combien pour réveiller toutes les forces inactives ?
Tiens bon et tu seras soutenue.
JE PLONGE.
Le souffle cou­pé fait sur­gir des pen­sées puis des mots.
Dans ma bouche le muscle libre orga­nise sa propre
matière.
Allers retours il brûle des rési­dus de chairs et me hisse,
à ma place, soutenue.

Le ballon-mousse

Enfants nous avons joué avec des ballons-mousse pour
ne pas abi­mer nos mains musi­ciennes. Balles sans
rebond lan­cées dans un élan timide à l’image de notre
peu de moti­va­tion. Parfois l’un d’entre nous enfonçait
ses doigts dans la pla­nète éponge, déchi­rait la mousse
et semait des miettes jaunes sur le caou­tchouc du
gymnase.
Nous n’étions pas auto­ri­sés à nous rêver athlètes.
C’était la catas­trophe lorsqu’un poi­gnet ripait sur le
che­val d’arçon. La dis­pense nous conve­nait, elle nous
évi­tait les mêlées bru­tales, les coups de pied, les cris.
Nous avions d’autres jeux en tête, d’autres ondes, nos
corps vibraient par nos épaules, nos joues, nos mains.
Sur les touches du pia­no j’ai mus­clé mes doigts un par
un, atta­chés deux par deux pour tra­vailler l’écart et le
rebond, pour faire du pouce un mar­teau au coup franc.
J’ai cher­ché l’harmonie de la course sur le clavier,
corps en ten­sion, offert à la musique.

La crampe

L’aiguille pénètre le muscle pour défaire la maille nouée
en apnée dans l’armure j’entends le grin­ce­ment des
fibres
dans la contrac­tion sont logés des sou­ve­nirs de courses
de danses
de corps comme des piles électriques.
Il y a de la tris­tesse dans le muscle immobile
de l’insécurité
le corps est pris dans sa jambe gelée
le pied n’ira plus danser.