Revue Bacchanales, Poésie et Sport, Corps en mouvement
La Revue Bacchanales est unoutil essentiel de diffusion de la poésie contemporaine sous toutes ses formes. Offrant de l’aide aux poètes émergents et recherchant toujours des lecteurs de poésie, la revue compte à ce jour, reconnus ou méconnus, plus de 1500 poètes publiés. Cette revue est diffusée dans de nombreux salons ou manifestations, bibliothèques, librairies et abonnés. La maison de la poésie Rhône-Alpes édite Bacchanales depuis 1992 avec environ deux numéros par an. La singularité de la revue est de répandre l’écho actuel de la poésie dans la région, mais aussi plus largement en France et à l’étranger.Les 21 premiers numéros et le numéro 23 sont édités en feuillets, le numéro 22 et tous les numéros à partir du 24 sont brochés. Le format de la revue est en 15 x 29,5 et chaque numéro est illustré par un plasticien différent.
La collection 17 correspond aux Bacchanales qui ont été réédités : le format est plus petit (12 x 23,6 cm) mais reste homothétique par rapport au format classique de la revue (les proportions sont donc les mêmes). Le contenu reste le même.
Triathlon
JE COURS pour dégeler les nerfs et calmer la colère.
Encore combien de tours jusqu’à l’épuisement, jusqu’à
ce que la gangue autour du cœur s’arrache et libère
l’amour géant ?
Tiens bon et tu seras soutenue.
JE NAGE, je frôle le fond de la piscine, la tête au
fond de l’océan, j’ai des vagues dans les cuisses et de
l’air sous la peau. Combien de longueurs jusqu’au
retournement ?
Combien pour réveiller toutes les forces inactives ?
Tiens bon et tu seras soutenue.
JE PLONGE.
Le souffle coupé fait surgir des pensées puis des mots.
Dans ma bouche le muscle libre organise sa propre
matière.
Allers retours il brûle des résidus de chairs et me hisse,
à ma place, soutenue.
Le ballon-mousse
Enfants nous avons joué avec des ballons-mousse pour
ne pas abimer nos mains musiciennes. Balles sans
rebond lancées dans un élan timide à l’image de notre
peu de motivation. Parfois l’un d’entre nous enfonçait
ses doigts dans la planète éponge, déchirait la mousse
et semait des miettes jaunes sur le caoutchouc du
gymnase.
Nous n’étions pas autorisés à nous rêver athlètes.
C’était la catastrophe lorsqu’un poignet ripait sur le
cheval d’arçon. La dispense nous convenait, elle nous
évitait les mêlées brutales, les coups de pied, les cris.
Nous avions d’autres jeux en tête, d’autres ondes, nos
corps vibraient par nos épaules, nos joues, nos mains.
Sur les touches du piano j’ai musclé mes doigts un par
un, attachés deux par deux pour travailler l’écart et le
rebond, pour faire du pouce un marteau au coup franc.
J’ai cherché l’harmonie de la course sur le clavier,
corps en tension, offert à la musique.
La crampe
L’aiguille pénètre le muscle pour défaire la maille nouée
en apnée dans l’armure j’entends le grincement des
fibres
dans la contraction sont logés des souvenirs de courses
de danses
de corps comme des piles électriques.
Il y a de la tristesse dans le muscle immobile
de l’insécurité
le corps est pris dans sa jambe gelée
le pied n’ira plus danser.